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OSEZ L'INTELLIGENCE EQUINE

Nous savons désormais que le paradigme équestre repose sur un principe d'exigence de soumission du cheval par l'inconfort ou par la douleur.

Bien entendu, des initiatives sont en cours à divers niveaux des institutions et un certain nombre de cavaliers travaillent sur des chemins alternatifs comme l'éthologie somme toute incomplète au regard des sciences du langage interespèces.

La plupart oublient juste de retirer tous les éléments coercitifs et demeurent ainsi dans un paradigme tempéré, allégé, mais ils y restent malgré tout.

Pour illustrer ces propos, lorsque nous sommes hospitalisés, le personnel médical nous soumet une règle graduée sur laquelle nous devons évaluer notre niveau d'inconfort ou de douleur.

La prise en compte de la douleur ainsi que son traitement représentent l'un des éléments importants de soins aux malades.

Si nous présentions cette échelle graduée aux chevaux, nous serions effarés par leur réponse. Et je gage que l'immense majorité des cavaliers passeraient des nuits blanche à tenter de calmer leur conscience.

Car on ne peut décemment pas dire que l'on aime les chevaux quand on utilise des moyens coercitifs dans le cadre de la relation que nous établissons avec eux.

Cet antagonisme entre la passion individuelle et les actes ressemble à un phénomène d'hypnose collective. Si nous n'y prenons garde, les associations de protection animale feront disparaitre l'équitation, et à juste titre.

Si le paradigme équestre intègre pour partie le principe éthologique des chevaux, il maintient pour autant les accessoires de soumission. Car le principe biomécanique prime au regard de la cognition des chevaux.

L'essentiel des ouvrages et articles traitant de l'équitation reste dans une approche technique et mécaniste, comme si le cheval n'était qu'une mécanique dont l'homme se targue de connaitre parfaitement le fonctionnement. Cette focalisation sur chaque muscle et chaque articulation en oublie la vision globale car le cheval, comme tout Être vivant, s'inscrit dans un mouvement général qui commence dans sa conscience et se traduit par le geste physique avec ses spécificités de race et d'âge.

Plus encore dans la compétition équestre, quelles que soient les disciplines. Alors que dans les faits, aucun humain ne peut se mettre à la place des chevaux en terme de ressentis. Dans ce merveilleux pays qui se nomme "Théorie", tout est possible et comme les chevaux ne crient pas face à la douleur, les transgressions restent aisées.

La plupart des cavaliers suivent aveuglément les préceptes de ce paradigme qui crée cette dichotomie entre un amour passionné du cheval et l'usage de la coercition dans l'activité équestre.

Ils agissent comme s'ils étaient sous hypnose, incapables de résister à ce dogme mortifère. Le gabarit du cheval fait-il peur ? Agissent-ils par anticipation à de potentiels dysfonctionnements comportementaux ?

Dans tous les cas, ces attitudes signent une méconnaissance avérée de l'esprit du cheval. On contrôle mécaniquement un véhicule sans âme, mais face à un Être conscient et sensible, on sollicite son intelligence.

Cela semble évident au demeurant.

Et pourtant, les alternatives existent. Pour cela, il suffit d'ajuster le regard que nous portons sur le cheval en intégrant cette notion de conscience et d'intelligence différente. Regardez votre cheval puis les matériels que vous utilisez et réfléchissez. Ce n'est pas parce que tout le monde fait la même chose qu'ils ont raison. Nous devons les grandes avancées scientifiques à des remises en questions de certitudes et de modèles de pensées souvent séculaires.

En reprenant le contrôle de vos pensées par le refus de ces antagonismes, vous retrouvez votre libre arbitre. Par l'accès à ces enseignements spécifiques qui permettent l'alignement des consciences du cheval et du cavalier et par la suppression des matériels coercitifs, vous potentialisez l'instinct grégaire. Vous créez ainsi l'unité de conscience indispensable à l'élaboration d'un langage cognitif.

Pour ceux qui ont peur des attitudes des chevaux, sachez qu'ils se contrôlent infiniment mieux par leur esprit que par tout moyen matériel coercitif.

Mon expérience des étalons de caractère et de l'équitation de haute-école m'a définitivement prouvé cette réalité. Mais cela passe par le langage cognitif.

Les chevaux ne sont pas que des mécaniques vivantes comme le pensait Descartes.

Tout comme les humains, ce sont des mammifères qui disposent d'une conscience, d'un instinct d'espèce, d'une intelligence spécifique et de capacités cognitives.

Ils font preuve d'une sensibilité souvent supérieur à celle des hommes. Leur nature d'animal "proie" a développé leurs sens. Ils perçoivent une mouche qui se pose sur leur croupe.

Il entendent dix fois mieux que les humains. Ils disposent d'un angle de vision proche de 360°. Ils possèdent un laboratoire d'analyse olfactive très développé.

Comme ils évoluent dans le silence mental, ils ne conceptualisent pas et ne spéculent pas. Il n'ont pas de problème d'égo.

De ce fait, il perçoivent toute une foule d'informations émanant à la fois du champ morphique (Rupert SHELDRAKE) et de l'espace temporel. Ils réagissent ainsi par résonance morphique et émotionnelle. Car chaque information s'accompagne d'une énergie qui anime les centres émotionnels par l'intermédiaire de l'amygdale du cerveau.

Leur instinct grégaire leur confère cette force de l'unité du groupe. Ils vivent dans un esprit collectif. L'individualité leur fait peur et les déstabilise.

Pour ces raisons, une caresse accompagnée d'une intention affective forte sera infiniment plus productive qu'une friandise. Tout comme nous, ils préfèrent se sentir aimés que de recevoir un bonbon suite à une action. Ils ne sont pas corruptibles.

De surcroit, ils disposent d'un système nerveux autonome qui se compose comme chez les humains d'un système nerveux sympathique qui gère les états de stress et d'un système nerveux parasympathique qui gère le retour au calme. Tout inconfort et toute douleur au même titre que tout peur, anime systématiquement le système nerveux autonome qui de surcroit exacerbe l'instinct de fuite.

Vous comprenez ainsi l'effet que produit un noseband, une muserolle serrée, des mors qui compriment la langue, une bouche verrouillée, les enrênements, les entraves au mouvements ou les éperons.

Ces éléments coercitifs activent le système nerveux autonome qui créé un état de stress permanent avec toutes ses conséquences.

Tout cela est scientifique et non spéculatif, mais la plupart des cavaliers n'en ont aucune idée.

Alors comment appréhender ce chemin équestre alternatif basé sur l'appel à l'intelligence, à la sensibilité et aux capacités cognitives des chevaux ?

Cela commence toujours par l'alignement des consciences du cavalier et du cheval afin que la communication puisse s'établir dans un même espace vibratoire. Car en ce domaine, tout est affaire de fréquences vibratoires, n'en déplaise aux spéculateurs intellectuels. Il suffit de le tester pour le valider. Par cet alignement des consciences, nous potentialisons l'instinct grégaire du cheval. Nous formons alors "un troupeau de deux individus". Et de fait, nous devenons le "référent", celui qui suscite la confiance. Car pour atteindre ce niveau de conscience, le mental doit se taire et rester exempt de toute pensée nocive afin de ne pas altérer les centres émotionnels. Le cheval répond par essence à cet état de conscience. Les conditions sont alors réunies pour développer un langage binaire qui s'appuie sur le principe "oui" et "non", ou encore "marche" et "arrêt". La demande doit rester courte afin de solliciter en permanence l'attention du cheval. L'un des secrets consiste à maintenir le cheval en permanence connecté à vous. Symboliquement, il représente votre mental qui s'agite en permanence. En contrôlant le cheval, vous contrôlez votre mental et vous restez dans ces fréquences indispensables au maintien de la connexion. Cette simple expérience permet de constater la vitesse de compréhension des exercices par le cheval et par là-même de prendre conscience de l'étendue de ses capacités cognitives.

Les expériences du Pr MATSUZAWA sont éloquent et troublants en ce sens.

Ce langage se construit par des exercices inconnus des doctrines équestres traditionnelles. Ils sont issus des sciences du langage et se pratiquent au sol pour commence ravec un simple licol et une longe qui ne devra JAMAIS être tendue. Car une longe tendue révèle une tension relationnelle. Tout comme avec un enfant, on répète calmement et patiemment l'exercice et le mouvement jusqu'à ce qu'il soit compris et intégré. N'oubliez pas qu'en équitation, plus on travaille lentement et plus on progresse vite. Le langage va ainsi s'enrichir progressivement tout en renforçant le lien cavalier-cheval. Vous découvrirez que les chevaux aiment apprendre.

Le cheval se dirige avec l'innocence, la conviction et la force d'une fillette de sept ans.

Toute contrainte génère de l'inconfort et active l'instinct de fuite.

Pour ces raisons, le cavalier doit rester en permanence dans cet état de conscience particulier afin de rester connecté au cheval à chaque instant.

Il reste à l'écoute du cheval. Selon les jours, celui-ci pourra être plus ou moins joueur ou plus ou moins tonique. Les séances de travail devront ainsi s'organiser également selon les propositions du cheval.

Le travail de longe doit précéder toute séance en selle. L'exercice de la longe permet de travailler à la fois le langage, la référence, la confiance, l'impulsion ou la rectitude. Il permet également au cheval de libérer ses énergies captives et ses traumatismes (selon les soins d'hypnose non verbale, en référence au psychologue américain Peter A. LEVINE). Parfois le cheval pourra demander à travailler d'emblée dans l'allure du galop. Et pourquoi pas ? Pour ma part, les chevaux se détendent ainsi aux trois allures selon leur gré et m'indiquent le moment ou ils sont prêts physiquement et psychologiquement à entrer dans le travail au sol ou sous la selle.

Cette manière de procéder permet de briser les routines. Si les chevaux ont besoin de repères, voire de rituels (pansages, manipulations diverses) afin de les rassurer, ils ont besoin de diversifier le travail afin de ne pas créer d'ennui. On apprend mieux et plus en s'amusant en dehors des routines pesantes. On peut ainsi apprendre au cheval et au sol de manière ludique tous les mouvements en avant, en reculant ou en incurvation. La diversité crée la richesse. On prépare ainsi le travail sous la selle.

Une fois les bases de ce langage établies au sol, nous travaillons en selle dans le même esprit. N'oubliez pas le trinôme EQUILIBRE-RECTITUDE-IMPULSION.

Alternez les plaisirs et les exercices toujours en restant à l'écoute du cheval. Il n'est pas nécessaire de courir pendant des heures au trot ou au galop, en fatiguant le cheval et en usant prématurément ses articulations.

Rappelons l'étymologie de l'équilibre qui signifie EQUI LIBRE. Dans une interprétation mécaniste, le cheval doit pouvoir trouver par lui-même le sens de l'équilibre dans l'espace. Il doit être libre de ses mouvements et dans son esprit. L'équilibre se trouve ainsi en gardant en repère l'image de l'équilibre universel qui respecte les lois de gravitation. Tout autre forme d'équilibre s'avère obligatoirement spéculatif et engendre une compensation par le cheval. Le cavalier doit apprendre à demander et laisser faire. Sa plus grande difficulté consistera à apprendre à "ne rien faire". La plupart des cavaliers gênent le mouvement du cheval plus qu'ils ne règlent quoi que ce soit.

Dans cet esprit nous rejoignons alors les règles de l'alchimie. Le mouvement conforme aux lois de gravitation représente l'alchimie des voies externes. L'alignement des consciences représente la base de la transmutation en alchimie des voies internes. L'homme se met alors au diapason de l'universalité. Le cheval devient son vecteur et son révélateur.

Au final, toute la relation à l'animal se catalyse et libère sa générosité et ses performances. Le cheval potentialise alors ses performances en compétition par exemple.

Tout devient alors infiniment plus simple car le cavalier arrête d'être un marionnettiste qui tente par force d'animer un pantin sept fois plus gros que lui.

L'alignement des consciences ouvre également le chemin du langage intuitif.

C'est une aventure extraordinaire accessible à tout cavalier. Les règles de la tradition équestre restent inchangées, mais elles se trouvent dénuées de coercition au profit d'une harmonie intelligente établie sur un langage cognitif.

Pour cela il suffit de changer son regard, de réfléchir, de s'éveiller et d'acquérir ces bases nouvelles de langage issues des sciences zoosémiotiques et des neurosciences.

Osez l'intelligence des chevaux ...

Comprenne qui pourra.


Francis Stuck




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