Le langage zoosémiotique
La zoosémiotique étudie la communication entre les animaux, ainsi que la signification des comportements, des gestes, des vocalisations et des signaux chimiques produits par eux. Cette discipline scientifique utilise des méthodes transversales issues de la biologie, des neurosciences, de l'éthologie, de l'anthropologie et de la linguistique pour comprendre les différentes formes de communication chez les animaux. En d'autres termes, la zoosémiotique s'intéresse à la façon dont les animaux communiquent entre eux, ainsi qu'à la signification de ces éléments de langage. Elle étudie également la manière dont les humains peuvent interagir avec les animaux en utilisant différents types de signaux ainsi que la façon dont ils peuvent être interprétés par les animaux. Le cadre étant posé, il nous appartient d'accéder à ces connaissances permettant de construire un langage intelligent et cognitif entre l'homme et l'animal et pour ce qui nous concerne, avec le cheval. A défaut, nous demeurons des marionnettistes.
Le cheval identifie initialement notre conscience globale humaine avec ses aspérités et ses spécificités. De notre individualité, il identifie nos attributs physiologiques, gestuels et environnementaux. Par résonance morphique, il perçoit également nos particularités biographiques qui se traduisent par un taux vibratoire inhérent à chaque individu et qui positionne d'emblée le curseur sur la ligne d'instinct chez le cheval. Autrement dit, une nature anxieuse et nerveuse va provoquer de l'inconfort voir de la crainte et va donc activer l'instinct de fuite. Il en est de même face à une attitude dominatrice et arbitraire, ce d'autant plus si les consciences n'ont pas été alignées préalablement. Cette gymnastique d'esprit et de mental permettant d'ouvrir le canal de connexion des consciences représentant le préalable à tout communication. Bref, le lien avec le cheval se construit pas à pas jusqu'à fusionner avec sa conscience. La magie opère à partir de ce moment là.
C'est ainsi que nous ouvrons le chemin de la zoosémiotique. Nous construisons ensuite un langage établi sur des signes précis qui représentent un alphabet et un lexique de communication. Ce langage est binaire dans son expression car il s'appuie sur la prise en compte de la ligne d'instinct du cheval qui va de la grégarité à la fuite. Ainsi une réponse juste doit se confirmer par un signe de langage tactile qui potentialisera l'instinct grégaire. Si la réponse est fausse, la question doit être reformulée, mais dans tous les cas, il faut préserver la motivation du cheval. Il nous enseigne ainsi que la négativité n'existe pas. Une réponse ne représente qu'une information faisant suite à des questions souvent mal posées ou incomprises. Or l'incompréhension suscite chez le cheval de la contradiction et de l'inconfort et donc l'exacerbation de l'instinct de fuite. Que ce soit pour une réponse positive ou négative, notre attitude et notre langage gestuel non verbal doit rester constructif et doit toujours potentialiser la grégarité. Car nous agissons sur les centres émotionnels du cheval.
Nous savons que le cerveau limbique et plus particulièrement l'amygdale du cerveau génèrent les émotions. Celles-ci sont le carburant de la créativité et de la cognition. En langage clair, pour les chevaux comme pour les humains, une émotion positive qui de surcroit s'accompagne d'un geste de confirmation d'appartenance au "troupeau", produit de la sécurité, du bien-être. La cause formative de l'expérience s'inscrit alors dans la mémoire positive et constructive. L'apprentissage pérenne et dynamique s'appuie sur cette règle inaliénable.
N'oublions jamais la règle invariable suivante : - action arbitraire d'inconfort ou de douleur = émotions négatives = instinct de fuite = rupture de communication - actions intelligente de confort et de bienveillance = émotions positives = instinct grégaire = relation harmonieuse et cognitive
Je me souviens d'un coach qui recommandait l'utilisation d'un enrênement qu'il qualifiait de "doux". Autrement dit, on s'adresse au cheval en lui disant : "Comme tu ne comprends pas ce que j'attends de toi, je vais créer un peu de douleur, tu comprendras mieux". Logique ... non ? Avons-nous envie de suivre les consignes et de donner avec générosité à quelqu'un qui exige et qui prend en créant de l'inconfort et de la douleur dans notre corps et dans notre esprit ? Assurément non ! Et il en est de même pour les chevaux.
Pour ces raisons, une intention authentique bienveillante accompagnée d'un geste précis identifié par le cheval comme un élément de langage au sein du troupeau, est infiniment plus constructive que n'importe quelle friandise ou autre technique mécaniste. Comme nous, ils préfèrent se sentir aimés et respectés plutôt que de recevoir une friandise suite à une action mécanique. Les systèmes d'éducation établis sur le principe de réflexologie pavlovienne sont antinomiques avec ce principe basé sur l'intelligence cognitive et émotionnelle.
A partir de là, nous nous adressons à l'intelligence du cheval et à sa sensibilité. Et nous construisons un langage établi sur des boutons "contact" qu'utilisent les chevaux entre eux pour communiquer au sein du troupeau. Ce point de départ permet de construire le langage cognitif. Cela passe également de notre part par l'adoption d'attitudes et de demandes à vocation cognitive progressive.
Autrement dit, d'abord à pied et ensuite en selle, nous devons apprendre à positionner le corps du cheval dans l'espace en faisant appel à son intelligence et en arrêtant de pousser, de tirer et de taper qui n'a de seul effet que d'exacerber son instinct de fuite et de nous éloigner de nous. Longes et rênes ne doivent jamais être tendues.
Une succession d'exercices permettent d'apprendre à mobiliser ses membres antérieurs et postérieurs dans un sens ou dans un autre, de contrôler l'arrêt du mouvement, de déplacer ses hanches autour des épaules et vice-versa, le tout sans force, sans effort. L'équitation doit se pratiquer avec l'esprit et la force d'une fillette de 7 ans. Ce n'est qu'ensuite que nous entrons dans les figures de manège qui prennent alors un sens différent de correction de l'asymétrie naturelle du cheval, de travail de la rectitude et de l'impulsion dans les trois allures.
Le pas est résolument et définitivement l'allure du langage et de la mise en place de ces principes zoosémiotiques et biomécaniques. A ce propos, précisons que nul mieux que le cheval lui-même ne sait comment se positionner dans l'espace de manière optimale, que ce soit avec une charge sur son dos ou sans. Pour cette raison majeure, le cheval doit rester libre de ses mouvements et sans aucune entrave d'aucune sorte. Il doit pouvoir se positionner dans l'espace au prorata des réactions de son système nerveux autonome qui ne peut être entravé par des artifices coercitifs.
Curieusement, pour les chevaux de bat, personne ne se pose la question de savoir comment ils gèrent leur équilibre durant les déplacements sur des terrains généralement accidentés et pentus. On les charge souvent lourdement et on les laisse faire selon leur nature et leurs ressentis. Sur des sentiers escarpés, étroit et caillouteux, nous savons tous que nous devons lâcher les rênes et libérer le cheval pour lui permettre de gérer son équilibre et son mouvement.
Alors pourquoi sur un terrain plat optimisé, tout à coup l'humain se sent investi de la folie de vouloir contrôler la posture du cheval à coups d'enrênements et de matériels coercitifs ? Quand tout va bien, il veut prendre le contrôle, mais en cas de danger, il laisse faire le cheval. Etrange, non ? La raison ? Ego, orgueil et ignorance.
Le mal-être, l'inconfort et souvent les souffrances engendrés chez le cheval sont alors tels que pour contrer son instinct de fuite, il n'existe pas d'autre solution que le recours aux matériels de soumission. Le cheval devient alors un pauvre automate qui gesticule dans l'inconfort et dans la douleur, produisant des postures que certains humains traduisent en "normes". Tout le paradigme équestre repose sur ce principe.Tout cela n'est définitivement que folie et martyr et n'a rien à voir avec l'art.
L'alternative existe désormais par une compréhension des neurosciences, des sciences du langage, de l'éthologie et par l'apprentissage des lois de la zoosémiotique. Une équitation intelligente devient alors une voie d'humilité et de sagesse car la conscience qui s'éveille ouvre des champs infinis de créativité et de joies.
Les autres cavaliers resteront des marionnettistes qui se donneront bonne conscience en leur distribuant des friandises après avoir retiré les enrênements, les brides et les éperons. Le corps meurtri du cheval fera le bonheur des ostéopathes qui le répareront partiellement pour pouvoir continuer à l'utiliser de manière inconsciente et traumatisante. Le choix appartient à chacun. Mais le jour ou l'équitation sera interdite par des lobbys de protectionnisme extrême, leur responsabilité sera lourde. Et nous en approchons ...
L'espérance de vie d'un cheval est de 30 ans généralement et bien plus selon les conditions de vie. Comment se fait-il que les chevaux soient mis à la retraite dès l'âge de 15 ou 16 ans et parfois avant en raison de l'usure prématurée de leur corps et de leurs membres, alors qu'ils ne sont plus utilisés autrement que pour les loisirs ? Pour les humains, cela reviendrait à constater l'usure par le travail dès l'âge de 40 ans pour cause de fatigues et de traumatismes. C'est exactement ce qui se passait jusqu'au début du XXème siècle, avant que les conditions et les durées de temps de travail ne soient ajustées par le progrès social.
Deux voies existent mais elles sont incompatibles l'une avec l'autre. L'intelligence, la cognition et la sensibilité ne peuvent définitivement pas cohabiter avec la coercition et le paradigme de la soumission.
Réfléchissez à la nature de votre relation avec votre cheval, point par point, action par action et laissez parler votre conscience et vos émotions. Jusque là, les alternatives étaient hasardeuses. Désormais la science nous ouvre de nouveaux chemins qui permettent d'accéder à la Haute-Ecole sans coercition, dans une harmonie absolue. Il suffit de le choisir, de se remettre en question et d'apprendre. C'est simple et accessible à tout cavalier.
La bienveillance intelligente et consciente produit de la grégarité, de la motivation et de la générosité. Et toutes les performances équestres, quelles que soient les disciplines, se trouvent potentialisées. Car le cheval libéré montre une incommensurable générosité dont les limites ne sont que celles de nos consciences respectives.
Comprenne qui pourra.
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