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Le Dressage : Une danse entre conscience et harmonie

Dressage !

Le mot lui-même, chargé de mille résonances, a été trop souvent réduit à l’idée d’un exercice rébarbatif, un chapelet de figures tracées dans le sable comme des prières mécaniques. On en parle avec ennui, comme d’une litanie d’épaules en dedans sans âme, d’un parcours d’obstacles invisibles dressé pour le seul cavalier. Mais réduire le dressage à cela, c’est ignorer sa vraie nature, son essence profonde.

Le dressage, mes amis, ce n’est pas une discipline. C’est une envie. Une soif de connexion.

Tout commence par ce désir primitif, presque enfantin, de comprendre le cheval. Pourquoi bouge-t-il ainsi ? Pourquoi réagit-il à tel stimulus et pas à un autre ? Pourquoi son regard se voile-t-il parfois de doute, ou s’illumine-t-il soudain de confiance ? Dresser, c’est poser des questions. Des questions à lui, mais aussi à nous-mêmes.

Au sol comme en selle, c’est cette envie de créer un dialogue vivant, de bâtir une langue commune, un langage fait d’infimes pressions et de réponses subtiles. Chaque geste, chaque aide, devient une phrase dans cette conversation silencieuse. Le dressage, c’est l’éloge de l’écoute, de cette capacité à entendre l’autre sans jamais le contraindre.

Le dressage n’est pas qu’un travail. C’est une quête de beauté. Un art. Celui d’un cavalier qui invite son cheval à révéler ce qu’il a de plus noble : sa souplesse, son élégance, sa force. C’est vouloir l’aider à devenir un athlète accompli, non par ambition personnelle, mais par amour de son bien-être.

Souvenez-vous : un cheval en équilibre est un cheval libéré. Sa locomotion, sa musculature, sa posture s’alignent dans une symphonie silencieuse. Et à mesure qu’il se développe physiquement, quelque chose change aussi en lui : son assurance, son plaisir de bouger, sa joie d’être. C’est une alchimie où la matière brute devient sculpture vivante.

Atteindre la simplicité, la plus complexe des conquêtes. Dresser, c’est perfectionner l’ordinaire. Revenir inlassablement aux bases : un arrêt franc, un départ fluide, une transition légère. C’est un art de l’épure, où chaque détail compte, où la simplicité devient sublime.

Quand un cheval semble “faire tout tout seul”, ce n’est pas un miracle, mais le fruit de cette quête patiente. Le cavalier sourit alors, car il sait. Il sait les heures passées à ajuster, à corriger, à encourager. Il sait les moments de doute et les instants de grâce. Oui, c’est une chance inestimable d’avoir un tel partenaire à ses côtés, mais cette chance, il l’a construite avec amour et humilité.

Le dressage est une offrande. Un échange. Chaque mouvement est une invitation : “Viens, montre-moi ce que tu sais. Éblouis-moi.” C’est permettre au cheval de briller, de prendre la lumière. Dresser, c’est se mettre en retrait pour le laisser danser sous le feu des projecteurs.

Mais c’est aussi un partage intime, presque sacré, entre l’homme et l’animal. Un dialogue qui dépasse les mots, une complicité qui n’a besoin de rien d’autre que de ce moment présent. Prendre le temps de s’apprivoiser, de se comprendre, de grandir ensemble.

Au-delà de l’arène de dressage, il y a les rêves. Galoper plus vite sur le cross, voler plus haut au-dessus des barres, réussir un parcours complexe. Le dressage est le terreau de ces ambitions, la discipline mère qui nourrit toutes les autres. Mais surtout, il est le rêve lui-même : celui d’un cheval et d’un cavalier qui ne font plus qu’un.

Le dressage, en son essence, n’est jamais une contrainte. C’est une invitation. Une séduction. Convaincre, et non forcer. Guider, et non dominer. C’est montrer au cheval qu’il peut, qu’il veut, qu’il aime. Et quand il accepte cette invitation, alors seulement la magie opère.

Le dressage est avant tout une école de patience et d’amour. C’est l’art de révéler le meilleur chez l’autre tout en cultivant le meilleur en soi. Ce n’est pas une simple discipline équestre : c’est une philosophie, un art de vivre, une manière d’être. C’est l’envie, toujours renouvelée, d’écouter, d’apprendre, de partager.

Et peut-être, au bout du chemin, de découvrir que ce que nous apprenons des chevaux éclaire aussi ce que nous sommes, nous, humains.

Comprenne qui pourra.


Francis Stuck


Crédit image : meisterdrucke.fr



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il y a 5 jours
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