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L’Équilibre du Cheval : entre gravitation universelle, compensation et pathologies

L'équilibre apparait en l'absence de forces d'opposition.

Chez le cheval, qu’il soit en mouvement ou à l’arrêt, il repose sur un subtil jeu de forces gravitationnelles, mécaniques et neurologiques. Cet équilibre se révèle d’autant plus complexe qu’il doit s’adapter aux sollicitations extérieures, en particulier celles imposées par le cavalier. Comprendre l’équilibre du cheval nécessite donc une approche multidimensionnelle, tenant compte des lois de la gravitation, des mécanismes de compensation neuro-musculaires, et des pathologies pouvant découler de déséquilibres répétés ou prolongés.


Le cheval, comme tout être vivant sur Terre, évolue dans un champ gravitationnel constant. Cette gravité agit comme une force universelle attirant son centre de masse vers le sol. Chez le cheval, ce centre de gravité se situe approximativement à la jonction entre le garrot et la base du cou, légèrement en avant de la 12ème côte. Pour maintenir son équilibre, le cheval répartit cette charge entre ses quatre membres :

• Les membres antérieurs supportent environ 60 % du poids du corps à l’arrêt.

• Les membres postérieurs jouent un rôle moteur et stabilisateur, notamment en mouvement.


Lorsqu’un cavalier monte en selle, il modifie cette distribution naturelle en augmentant la pression sur le dos du cheval, ce qui déplace le centre de gravité vers l’arrière. Ce phénomène exige du cheval une réorganisation constante de son équilibre pour ne pas chuter, impliquant des ajustements au niveau musculaire, articulaire et postural.


Comme chez les humains, le cheval possède un système nerveux extrêmement réactif, capable d’ajuster son équilibre de manière quasi instantanée face aux perturbations. Ces ajustements relèvent principalement de son système nerveux autonome, qui contrôle :

1. La proprioception : Les capteurs situés dans les muscles, les tendons et les articulations informent en permanence le cerveau sur la position du corps dans l’espace.

2. Les réflexes posturaux : En réponse à un déséquilibre, les muscles antagonistes s’activent pour rétablir la symétrie et la stabilité.

3. L’ajustement dynamique : Lorsqu’il est en mouvement, le cheval utilise des micro-ajustements constants, souvent imperceptibles, pour s’adapter à la variabilité du terrain et aux actions du cavalier.


Ainsi, les chevaux compensent naturellement et automatiquement les gestes et actions des cavaliers altérant leur équilibre.

Mais gare, car ces mécanismes de compensation, bien qu’efficaces à court terme, ont des limites. Une sollicitation excessive, une posture incorrecte ou un déséquilibre prolongé peuvent entraîner une surcharge des systèmes de compensation, menant à des tensions chroniques, des blessures et des pathologies.


Nous pouvons observer cela avec le principe "En avant et bas", érigé en dogme dont peu de cavaliers connaissent les raisons originelles et malheureusement la cause de nombreuses pathologies puisque dans cette posture nous déplaçons le poids du cheval vers l'avant et sur les épaules.


Le cavalier joue donc un rôle déterminant dans la préservation de l’équilibre du cheval. Une posture déséquilibrée, des aides inappropriées ou une selle mal ajustée peuvent perturber cet équilibre fragile. Les principales erreurs incluent :

• Une position asymétrique : Si le cavalier s’assied davantage sur un côté, il déséquilibre le centre de gravité du cheval.

• Une main dure ou inconsistante : Des actions brusques sur les rênes peuvent perturber l’alignement tête-encolure-dos, indispensable à un mouvement fluide.

• L'imposition de postures aliénantes : L'exagération de postures dégrade la nature physiologique fondamentale du cheval, provoquant des traumatismes.

• Un mauvais ajustement de la selle : Une selle mal équilibrée crée des points de pression excessifs, provoquant des douleurs et des contractures.


Pour compenser ces erreurs, le cheval mobilise son système musculo-squelettique de manière asymétrique, ce qui, sur le long terme, peut entraîner des pathologies.


Lorsque les mécanismes de compensation du cheval sont sollicités au-delà de leur capacité, des pathologies peuvent se développer. Les plus fréquentes incluent :


Pathologies Musculo-Squelettiques :

• Syndrome de la dorsalgie (mal de dos) en raison d'une compression excessive des vertèbres, provoquant une tension musculaire chronique.

• Contractures musculaires au niveau de l'encolure, dans la région du garrot, du dos.

• Symptôme naviculaire : en exagérant le travail sur l'avant-main, nous sollicitons de manière outrancière les effets d'amortisseurs naturels des sabots et nous fabriquons ce symptôme souvent irréversible.

• Descente du boulet : liée à une surcharge des tendons fléchisseurs des membres postérieurs.


Blessures Articulaires :

• Arthrose précoce qui survient en raison d’un surmenage des articulations mal alignées. Les zones principalement touchées : Jarrets, carpes, et genoux.

• Inflammation des ligaments et tendons : tendinites chroniques au niveau des membres antérieurs avec ou sans apparition d'épanchement de synovie. La boiterie de l'antérieur gauche chez les jeunes chevaux en est une illustration.


Pathologies Neurologiques :

• Compression des nerfs spinaux qui engendrent de l'engourdissement et des boiteries inexpliquées. En cause un mauvais positionnement de la colonne vertébrale.

• Problèmes de proprioception avec difficulté à ajuster l’équilibre dynamique, souvent observable chez les chevaux sur-sollicités.


La préservation de l’équilibre du cheval repose sur une synergie entre le cavalier, une gestion adaptée de l’effort et l’équipement.

• Formation du cavalier : libérer le cheval, abandonner le paradigme de la soumission par l'inconfort et par la douleur, cesser de lui imposer une posture stéréotypée, apprendre à observer et à analyser et à sentir les micro-ajustements du cheval.

• Travail cognitif : apprendre à "parler cheval" et cesser de le considérer comme un automate que l'on dirige en tirant sur des ficelles. Osez l'intelligence !

• Travail varié : cesser d'imposer de longues séances répétitives, similaires et suscitant l'ennui.

• Travail progressif : favoriser des exercices qui renforcent la symétrie en gardant en mémoire le triptyque : Equilibre, Rectitude, Impulsion

• Choix de l’équipement : utiliser des matériels confortables et adaptés à chaque cheval avec une selle ajustée et bien équilibrée et une embouchure non coercitive. Abandon de tous les enrênements.


En conclusion, l’équilibre du cheval n’est pas simplement une question de posture, mais une condition essentielle à sa santé, sa performance et son bien-être. En comprenant les lois gravitationnelles qui régissent son mouvement, en respectant ses capacités de compensation et en corrigeant les facteurs humains qui perturbent son harmonie, nous pouvons prolonger sa carrière et améliorer sa qualité de vie. L’art de monter à cheval devient alors une quête d’harmonie, où cavalier et cheval, dans un dialogue subtil, s’élèvent ensemble vers une véritable unité.

Comprenne qui pourra.


Francis Stuck




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