Equitation … Méditation … Présence …
Au-delà du plaisir du contact avec le cheval et des bienfaits de la pratique physique de l’activité équestre, l’équitation ouvre en réalité un chemin de développement personnel. Aujourd’hui, il est de bon ton d’évoquer le travail de présence dans différents domaines. Mais la relation avec la plus noble conquête de l’homme révèle des facettes insoupçonnées dont la plupart ne prennent pas conscience. Car l’équitation s’avère proposer les mêmes vertus que la méditation de pleine conscience. Le but de la méditation consiste à juguler et à contrôler le mental avec son flux incessant de pensées parasites. Aussi, toute pratique qui consiste à utiliser l’imagerie mentale ne débouche que sur de la rêverie et de fait exacerbe l’action du mental et mène le pratiquant aux antipodes du but recherché. Ainsi, la manière la plus pragmatique et la plus efficace consiste à utiliser ses sens primordiaux qui représentent les agents fondamentaux de l’état de conscience : l’auditif, le visuel et le kinesthésique. En fixant son attention alternativement sur ces trois perceptions, l’action du mental vient sous contrôle. En effet, le mental ne sait faire qu’une chose à la fois, produisant en permanence des successions d’images individuelles qui donnent l’illusion d’un flux continu à l’instar d’un film cinématographique.
Le cheval, animal impressionnant par sa taille, peut involontairement vous bousculer, vous marcher sur le pied ou tout simplement empiéter dans votre espace vital. Dans un état mental passif, cette notion engendre immédiatement une attention soutenue de la part du cavalier. Ainsi, en présence du cheval, nous passons en permanence d’une conscience auditive à une conscience visuelle puis kinesthésique et ce dans un ordre aléatoire. Et d’autres sens ou éléments d’attention peuvent également intervenir.
Mais quand nous entrons dans le travail du cheval, le mental entre en mode actif puisqu’il émet des intentions. Tous les gestes doivent être contrôlés et assurés. Et de surcroit, dans l’élaboration d’une communication inter-espèce basée sur un langage non verbal, que ce soit à pied ou en selle, l’attention permanente est indispensable et garante d'un résultat qui normalement débouche sur une harmonie. Dans le travail à pied, le cavalier apprend à contrôler les mouvements du cheval et son positionnement dans l’espace. En selle, il en est de même en y rajoutant toute la difficulté du maintien de la précarité de l’équilibre dans des allures variables et déstabilisantes.
Et certaines disciplines équestres engendrent ainsi une augmentation du taux d’adrénaline et produisent des hormones du plaisir. Un galop à bride abattue, du saut d’obstacles impressionnants, des jeux collectifs dynamiques comme le horse-ball ou le polo par exemple génèrent ces modifications hormonales. Ces changements hormonaux sont également amplifiés par l’effet du mental qui sent un danger vital imminent.
Ainsi, par une sollicitation continue de l’attention, le mental demeure sous contrôle et génère un état de conscience de l’instant présent. C’est le pré-requis d’une communication inter-espèces réelle avec le cheval. Car le cheval est vivant. Il dispose d’une conscience et se trouve en permanence à l’instant présent. De fait, pour que la communication puisse s’établir avec l’esprit du cheval, le cavalier doit entrer dans cette modification de l’état de conscience en s’alignant sur celle du cheval. A défaut, l’équitation reste bassement mécanique et l’équitant passe à côté de la finalité véritable de cette discipline extraordinaire. Et au final, l’élaboration d’un langage intelligent se voit annihilée au profit de moyens de coercitions.
En réalité, le cheval reflète les actions du corps et de l’esprit du cavalier. Il est notre miroir.
Une pratique consciente et éveillée de l’équitation mène indubitablement à une modification de l’état de conscience. Et l’art équestre, dans la sublimation du geste par la grâce et l’harmonie dans un esprit de transcendance, permet de toucher du bout du doigt la Présence.
C’est la conscience de l’esprit de vie, de la puissance divine.
Le cheval représente le véhicule qui permet d’emprunter ce chemin du château intérieur cher à Thérèse d’Avila. Et il nous appartient de frapper à sa porte pour y découvrir l’esprit de vie et ses différentes demeures et de faire ainsi connaissance avec notre personnalité profonde.
Ainsi, certains grands écuyers, au-delà de la technique, sont des mystiques qui subliment l’art de l’équitation par la transcendance.
L’art équestre, révélateur des arcanes de la vie …
Comprenne qui pourra …
Francis S. STUCK
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