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Débourrer un cheval : une pratique à repenser pour préserver sa santé

La Guérinière l'écrivait déjà en son temps dans l'Ecole de Cavalerie : "On ne travaille un cheval qu'à partir de 5, 6 ou 7 ans."


Débourrer un cheval à 2 ans et le soumettre immédiatement à un travail intense sans conséquences pour sa santé est une idée largement répandue, mais elle repose sur des croyances erronées. Il est essentiel de mieux comprendre les processus de croissance et de maturation du cheval pour garantir son bien-être à long terme.


Contrairement à une idée reçue, la croissance osseuse du cheval ne dépend pas de sa race. Tous les chevaux, qu’ils soient Quarter Horse (QH), Pur-sang, ou Selle Français, partagent des étapes similaires de développement squelettique. La croissance complète d’un cheval, incluant son ossature, son poitrail, et son bassin, se termine généralement entre 7 et 8 ans.

• Développement du squelette : Ce processus inclut non seulement la hauteur au garrot, mais aussi le développement transversal, notamment l’ouverture du poitrail et la stabilisation du bassin. Ces zones cruciales pour le port du cavalier et le mouvement continuent d’évoluer bien après l’âge de 2 ans.

• Plaques de croissance : Les plaques de cartilage (ou plaques épiphysaires) situées aux extrémités des os longs ne se soudent complètement que tardivement. Travailler un cheval trop jeune peut perturber ce processus et entraîner des problèmes articulaires.


Certains chevaux semblent plus précoces en raison de leur développement musculaire. Par exemple, les Quarter Horses sont souvent sélectionnés pour leur masse musculaire importante dès leur jeune âge. Mais cette apparence de maturité musculaire ne doit pas être confondue avec la solidité de leur squelette, qui reste encore en développement.


Quels sont les risques du Débourrage Précoce ?

Soumettre un cheval à un travail intensif avant la fin de sa croissance peut avoir des conséquences graves et irréversibles :

1. Maux de dos : Le squelette immature n’est pas capable de supporter le poids du cavalier sans compensation musculaire, ce qui peut entraîner des douleurs chroniques et des lésions vertébrales.

2. Problèmes articulaires : L’excès de pression sur les articulations non stabilisées peut causer de l’arthrose précoce ou des pathologies comme la descente de boulet.

3. Déformations : Une surcharge de travail peut modifier la posture naturelle du cheval, provoquant des tensions musculaires et des déséquilibres structurels.

4. Espérance de vie réduite : Les chevaux travaillés trop tôt atteignent souvent un plateau de performance précoce, suivi d’une retraite prématurée due à des problèmes de santé.


L’espérance de vie d’un cheval dépasse généralement 30 ans, et c’est entre 12 et 18 ans qu’il atteint le pic de ses capacités physiques et mentales. C’est à cet âge que le cheval est le plus fort, équilibré et capable de fournir des performances optimales.

Malheureusement, beaucoup de chevaux sont mis à la retraite bien avant cet âge en raison de blessures ou de pathologies évitables. Un débourrage trop précoce et un entraînement intensif dès leur jeunesse compromettent leur longévité active.


Attendre le bon moment. En équitation, plus on travaille lentement et plus on avance vite !

Un débourrage progressif, adapté à l’âge et au développement de chaque cheval, est essentiel pour prévenir les blessures. Plutôt que de commencer à 2 ans, on peut :

• Introduire des exercices au sol et des manipulations douces.

• Entraîner le cheval à l’acceptation des équipements sans montée en selle.

• Introduire le cavalier progressivement après 3 ou 4 ans, avec des séances légères et occasionnelles.


La croissance saine d’un cheval repose aussi sur un mode de vie qui encourage le mouvement et l’interaction sociale :

• Vie au pré : Les chevaux qui vivent dehors, avec de grands espaces, développent une musculature et des articulations plus solides.

• Exercices variés : Varier les activités (marche, trotting, obstacles au sol) permet de renforcer la structure sans surcharge.


Un changement de mentalité s'avère nécessaire. Si certaines pratiques traditionnelles dans le monde de l’équitation encouragent encore le débourrage précoce, il est important de rappeler que les connaissances scientifiques sur la croissance des chevaux ne peuvent être ignorées. Une approche respectueuse du développement naturel du cheval garantit non seulement sa santé physique, mais aussi son bien-être mental.


Débourrer un cheval trop jeune est une pratique qui compromet sa santé à long terme. En comprenant mieux les étapes de croissance et en respectant les limites biologiques de chaque animal, nous pouvons non seulement prolonger leur vie active, mais aussi les accompagner dans une relation harmonieuse et respectueuse. Investir dans le temps et la patience est le meilleur cadeau que nous puissions offrir à nos chevaux.


Comprenne qui pourra.


Francis Stuck





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