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Du langage équestre …

L’équitation se doit d’être appréhendée tel l’apprentissage d’une langue. Il s’agit d’un langage non verbal dont la subtilité n’a d’égal que la richesse du vocabulaire disponible. Aussi, le cavalier débutant après avoir étudié le mode de fonctionnement cérébral et la psychologie du cheval peut commencer l’étude de cet art de communiquer avec la plus noble conquête de l’homme. Mais comme pour l’apprentissage de toute nouvelle langue, il convient d’apprendre à écouter pour s’imprégner du vocabulaire à intégrer et à utiliser. Aussi, la première chose à apprendre, c’est de ne rien faire. Dans les faits, aujourd’hui la plupart des cavaliers débutants voire avancés prennent les rênes, donnent des jambes voire des talons et parfois utilisent une cravache pour tenter de convaincre leur monture de répondre à un ordre souvent confus. Le nombre de signaux totalement anarchiques ainsi produits reviendrait à essayer d’entamer une discussion avec un intellectuel en mélangeant une quantité de mots et de signes totalement incompréhensibles et décousus. Quand on sait de surcroit que le cheval dispose d'une sensibilité épidermique qui lui permet de sentir une mouche sur sa croupe ... Et comme bien sûr, le cheval ne comprend pas, souvent il se retrouve puni voire sanctionné par des coups de cravaches ou de talons … A quoi servirait de punir par une fessée un enfant qui ne comprend pas ce qu’on attend de lui ? Et le cheval a l’âge mental d’un enfant de 3 à 5 ans … La seconde chose fondamentale à apprendre, c’est de savoir rendre et ainsi remercier. Dans cette prise de conscience de la réalité de l’intelligence du cheval, il faudra également s’habituer à parler en posant une question et en attendant la réponse, telle que cela se pratique entre gentilshommes et nobles dames et plus généralement entre personnes éduquées. Exercer une tension constante sur les rênes revient à parler de manière ininterrompue et arbitraire sans donner la possibilité au cheval de répondre. Alors que dans les faits, une stimulation psychologique positive qui revient à rendre les rênes après une réponse juste et précise, sera considérée comme la plus belle des récompenses. Et comme le cheval mémorise instantanément toutes les informations reçues, voilà une manière simple et intelligente de construire une relation pérenne. De la même manière, il sera capable de maintenir une posture sans pour autant être soutenu voire soulevé en permanence par une tension dans la bouche. L'équitation est avant tout un dialogue entre deux êtres d'espèces différentes. Devant la multitude de cavaliers qui se succèdent sur le dos de certains chevaux, ceux-ci deviennent de grands experts de la déduction puisque devant la confusion d’un langage flou, ils tentent vainement de comprendre ce que veut leur dire et ce qu’attend l’humain qui s’agite sur son dos ! De fait, les humains passent plus de temps à dérégler qu’à régler … Oui, la nouveauté, c’est qu’il va falloir ouvrir la chaine d’éducation du cheval et y intégrer sa sensibilité, son intelligence et ses capacités cognitives. Le temps est révolu ou il suffit de tirer, de pousser, de mettre des enrênements, des éperons et des mors de plus en plus sévères. Nous avons pris conscience que le cheval est un être sensible et intelligent. Non pas l’intelligence des humains, mais une forme d’intelligence bien plus subtile. Tout anthropomorphisme serait stérile. Les humains lisent le mental et l’égo de leurs congénères alors que les chevaux lisent notre inconscient, à savoir notre centre émotionnel et karmique. Ils ne jugent pas et ne conceptualisent pas. Mais leur attitude s’adapte naturellement à la lecture émotionnelle qu’ils font en permanence, car les chevaux vivent constamment à l’instant présent. Ils n'ont pas besoin de connaître l'individu puisqu'ils connaissent son esprit profond qui révèle son Etre réel et sa nature véritable. C’est pourquoi, ils changent d’attitude face à des enfants handicapés ou plus généralement face à des personnes vulnérables. De récentes expériences ont été faites dans ce sens avec des militaires qui ont vécu des traumatismes majeurs sur des terrains d’opérations difficiles et les chevaux ont apporté une aide conséquente dans le traitement des symptômes post traumatiques (SPT). Dans cette réflexion, je pense également à Peyo, le cheval de Hassen Bouchakourqui visite des personnes en fin de vie dans des services de soins palliatifs et parfois les accompagne vers le chemin de lumière. Il les comprend, les rassure par un langage transcendantal dont la subtilité mystique échappe aux humains. Le divin réside au fond des yeux et dans le cœur des chevaux. Nous entrons désormais dans une nouvelle ère ou la terminologie elle-même devra s’adapter. Le terme de « dressage » n’est plus adapté. On dresse ou on redresse une barre de fer. Et cette action est toujours synonyme de force arbitraire et brutale. Dorénavant, il conviendra d’éduquer et d’enseigner. Et celui qui enseigne, n’est pas celui que l’on pense … Comprenne qui pourra !

Photo : Mon étalon Imperio Menezes et Christelle

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