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DRESSAGE OU ART EQUESTRE ?

Je souhaite partager avec vous une courte réflexion suite aux jeux olympiques et plus particulièrement aux épreuves de dressage qui ont encore fait couler beaucoup d'encre à propos des méthodes plus ou moins coercitives en usage pour former les chevaux aux reprises de compétition. Ces mots n'ont d'autres but que d'ouvrir la conscience de la beauté alchimique de l'équitation, de l'amour et du respect que nous nous devons au cheval. Nous ne faisons aucunement l'apologie de méthodes sans mors, avec side-pull ou autres tendances souvent romantico-anthropomorphiques.

Le problème ne réside pas dans le matériel (à condition qu'il ne soit pas coercitif) mais dans son utilisation par certains cavaliers et notamment de certains compétiteurs de haut rang qui font rêver nombre de cavaliers amateurs qui essaient de les imiter en toute bonne foi. Leur responsabilité s'avère de fait importante dans l'orientation de la nature de l'équitation dans sa forme pratique.

Les études de Stanley MILGRAM devraient être enseignées aux cavaliers afin de leur permettre de comprendre le sens du détournement du principe de responsabilisation.

De fait, à l'instar de l'adage qui dit :

"Du savant qui montre la lune, l'ignorant regarde le doigt".

Apprenons donc à orienter notre regard et nos pensées vers notre passion objective finale plutôt que de tenter d'imiter des référents du paradigme équestre général, écoutons notre intuition et nos coeurs et raisonnons par nous-mêmes.

Disons que cette période charnière exacerbe la visibilité des pratiques équestres lors des grandes compétitions.

Au-delà des effets individuellement constatés, les observations des spécialistes s'articulent autour des positionnements des membres, de l'équilibre ou pseudo-équilibre, des types de mouvements naturels ou artificiels mais également des effets sur le bien-être des chevaux. Il va de soi que toute pratique tendant à réduire les effets d'inconfort ou de coercition restent bénéfiques pour les chevaux et demandent à être encouragés.

Toutefois, encore et toujours, le cheval reste considéré comme un Être biomécanique dont les positionnements dans l'espace aux différents mouvements doivent impérativement rester sous le contrôle des cavaliers qui utilisent pour cela des moyens produisant à minima de l'inconfort voire de la douleur.

Combien de temps encore faudra-t-il attendre que les consciences des cavaliers s'éveillent ?

Le cheval dispose d'un esprit de vie, d'une conscience analytique, d'un cerveau et de capacités cognitives.

Physiologiquement, à l'instar des humains, il est pourvu de capteurs (oreille interne) et d'un système nerveux autonome qui lui permettent de maintenir son équilibre à toutes les allures.

Alors oui, tous les cavaliers adorent leur cheval et aiment l'équitation.

Alors comment peut-on en 2024, à l'ère de l'essor des neurosciences et des sciences du langage interespèces encore assister à des événements surmédiatisés qui font l'apologie d'un système établi sur la douleur à intensité progressive.

Comment les référents, cavaliers de haut rang, expérimentés ou issus de grandes institutions peuvent-ils cautionner ces pratiques rétrogrades ?

Non, nous ne faisons plus la guerre "A" cheval. Désormais, nous faisons la guerre "AU" cheval.

Or, les référents devraient montrer l'exemple à suivre.

La plus noble conquête de l'homme souffre en silence tout en faisant preuve d'une générosité incommensurable.

Pourtant, l'éveil des consciences suffirait à intégrer cette notion de sensibilité et de réalité cognitive de l'esprit du cheval.

Il suffirait d'apprendre à parler le langage binaire qui permettrait alors de sortir de ce statut de marionnettiste qui tire sur des ficelles, qui tape et qui pousse.

Décidément, tout ce que l'on voit n'a plus aucun sens ni aucune justification pour un cavalier qui aime sincèrement son cheval.

Car on ne fait pas souffrir un Être innocent et généreux.

Car on ne torture pas l'Être que nous aimons.

Si pour une fois nous devions faire de l'anthropomorphisme, imaginons l'effet des mors, des muserolles, des enrênements ou des éperons appliqués à nous-même.

Dussions-nous le rappeler, le cheval perçoit une mouche qui se pose sur sa croupe. Que dire de l'effet des artifices équestres ?

OUI, les chevaux peuvent accéder aux plus hauts niveaux de la Haute-Ecole sans coercition! Leur capacités cognitives le leur permettent et les exemples sont nombreux.

Pour preuve, ils n'ont pas besoin des humains pour leur montrer comment marcher, trotter ou galoper.

Ils doivent avant tout être libérés de toute entrave coercitive afin de pouvoir exprimer leur potentialités réelles.

Un commentateur parlait de danseurs en parlant des chevaux des reprises de dressage sportif.

NON, ce sont pour la plupart des pauvres gymnastes contraints par des matériels qui limitent artificiellement leurs mouvements.

Il n'y a aucune grâce dans un geste forcé induisant une correction permanente de l'équilibre par le cheval lui-même avec des conséquences traumatiques ignobles.

Si nous voulons renouer avec l'Art Equestre, nous devons abandonner ces pratiques d'un autre âge.

Plus personne désormais ne pourra dire qu'il ne savait pas.

Les alternatives existent mais elle induisent une remise en question totale non pas de l'équitation, mais de la conscience des cavaliers.

Toute la tradition équestre, qu'elle soit française, latine, austro-hongroise ou portugaise garde son sens mais doit se délester du principe de soumission par la coercition.

Nous sommes dans l'ère de l'apocalypse de l'équitation. Rappelons que l'Apocalypse signifie un éveil et non une fin.

OUI, nous cultivons l'art du beau, de l'élégance, du raffinement et du respect.

L'art de l'équitation représente l'art des arts et en traduit l'expression ultime car elle sublime conjointement deux consciences d'espèces différentes.

Eveillons-nous !


Francis Stuck


Photo : Alizée FROMENT



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